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Tuesday, June 23, 2009

DANGER MOUSE + SPARKLEHORSE + DAVID LYNCH - DARK NIGHT OF THE SOUL




Cliquez ici pour télécharger l'album et lisez la chronique parue dans les Inrocks et écrite par Christophe Conte.


On pensa d’abord à un canular, trop beau pour être vrai, d’autant que l’annonce en fut faite le 1er avril. Danger Mouse et Sparklehorse s’apprêtaient à publier un album intitulé Dark Night of The Soul, pour lequel David Lynch réaliserait tout l’emballage visuel. Et comme si un tel tiercé prestigieux ne suffisait pas, s’ajoutait à lui une caravane de participants qui donne franchement le tournis : Wayne Coyne des Flamming Lips, Gruff Rhys de Super Furry Animals, Jason Lytle (ex-Grandaddy), Julian Casablancas des Strokes, James Mercer de The Shins et aussi Vic Chestnutt, Iggy Pop, Black Francis ou Nina Persson…
Ce projet cinq étoiles, parti pour devenir l’un des must absolus de l’année, ce fabuleux rêve éveillé est en pourtant train de virer au cauchemar. Le disque existe bien, on peut l’entendre déjà sur le net par des canaux plus ou moins officiels, mais un imbroglio juridique opposant Danger Mouse à Emi pourrait en contrarier la sortie. Aux dernières nouvelles, Danger Mouse envisagerait de publier dans le commerce le luxueux livre d’images réalisé pour l’occasion par David Lynch, accompagné d’un CD vierge, manière implicite d’encourager les acquéreurs de l’objet à télécharger illégalement la partie musicale de cette œuvre multi sensorielle.



Cela en vaut-t-il la peine ? L’album est-t-il aussi réussi que son casting le laisserait normalement envisager ? En répondant oui à ces deux questions liminaires, on est déjà bien en deçà de la vérité. Dark Night of The Soul, composé de treize titres écrits par Brian Burton (Danger Mouse) et Mark Linkous (Sparklehorse), est bel et bien le feu d’artifice crépusculaire que l’on attendait. L’artificier de Gorillaz et Gnarls Barkley a peut-être trouvé en l’étincelant cavalier de Caroline du Nord cet idéal partenaire d’embrasement, leur association ayant déjà démontré sa puissance de feu il y a trois ans, sur le dernier album en date de Sparklehorse, Dreamt for light years in the belly of a mountain.
La différence ici, c’est la mise au même niveau des deux hommes, qui manipulent ensemble les ficelles de ce théâtre d’invités dont les voix sont à la fois identifiables et légèrement parasitées par celle de Linkous, qui les double souvent en arrière-plan, comme un filigrane qui s’étend sur tout le disque pour éviter une trop grande dispersion.

Mais surtout, dès Revenge qui ouvre le bal avec la voix pourtant très typée de Wayne Coyne, on reconnaît la griffe inimitable de l’écriture de Mark Linkous, sa façon de construire la mélodie à tâtons, l’irrépressible force émotionnelle qu’il parvient à insuffler derrière chaque accord. La mise en scène de Danger Mouse est elle aussi remarquable, jouant plus volontiers sur des nuances subtiles que sur de lourds aplats. L’entame du disque se révèle plus enjouée que son titre le laissait entendre.
Avec Gruff Rhys, sur l’accrocheur Just war, on retrouve forcément trace du psychédélisme douceâtre des Super Furry et le morceau s’achève en sifflotant tandis qu’entre en piste Jason Lytle. Sur Jaykub, qui pourrait directement sortir de son propre album solo, le récent Yours truly, the commuter, Lytle donne dans la ballade crève-cœur comme il sait magistralement le faire, la chanson tout en retenue finissant pas sur un crescendo beau à pleurer. On n’est pas mécontents ensuite de retrouver la voix canaille de Julian Casablancas pour ce qui ressemble à un véritable bijou de single.



Little Girl, morceau enlevé et souple, possède tout ce qui fait la grandeur stylée des Strokes à leur meilleur, sans les pauses fatigantes dont ils se rendent parfois coupables. Moins souple et moins stylée, Black Francis déboule ensuite comme un buffle dans un défilé de majorettes avec cet Angel’s harp si épais et ingrat qu’il pourrait figurer sur le nouveau Jarvis Cocker. Plutôt robuste lui aussi, le titre chanté par Iggy (intitulé Pain) est une formidable et épique cavalcade punk’n’roll qui aurait tout aussi bien pu appartenir au répertoire des Strokes. Sorte de rêverie spatiale constellée d’étoiles synthétiques, Star eyes, interprété par James Mercer, est autrement plus reposant et hypnotisant, moins toutefois que le second service de Jason Lytle sur Everytime I’m with you, qui parvient encore une fois à faire se croiser deux antagonismes du rock seventies : Neil Young et ELO.

Insane lullaby, qui voit le retour de James Mercer, est le titre où Danger Mouse se montre le plus entreprenant, alliant des textures saturées à des cordes de chambre pour un résultat conforme au titre : une berceuse folle. Daddy’s gone, avec Nina Persson au micro, est le titre où Mark Linkous se montre vocalement le plus entreprenant (on le comprend le bougre !), pour un morceau qui ressemble au Fleetwood Mac patraque de Tusk. La belle Persson revient sitôt après avec The Man who played god où elle travaille encore ses intonations à la Stevie Nicks tandis que la composition, dans le registre pop-folk habité et grinçant, ressemble à l’appartement témoin du style Sparklehorse. Des cloches d’église annoncent Grain augury, premier des deux titres réservés à la voix patinée de Vic Chestnutt. Celui-là ressemble à une vielle chanson de music-hall, jouée dans un théâtre en ruine.



Enfin arrive la chanson titre, Dark night of the soul, nimbée par la même atmosphère de fin du monde, avec des guitares intensément lynchéennes pour le coup, genre country blues en déliquescence et flashes de Blue Velvet Underground. Chestnutt et Linkous, leurs voix abîmées comme bras dessus bras dessous, s’effacent à l’horizon dans la nuit noire. Ce n’était peut-être finalement qu’un mirage cette histoire.

Christophe Conte.


Le site officiel de DARK NIGHT OF THE SOUL

1 Comments:

Anonymous Anonymous said...

Jolie chronique.
Cependant pour info', Nina Persson ne chante qu'une chanson dans l'album, celle avec Mark Linkhous, la suivante ("The Man Who Played God")étant chantée par Suzanne Vega.
Et le dernier titre "lynchéen" comme vous dites,ben il est chanté par David Lynch ainsi que le titre de "transition", piste 7,"Star Eyes (I Can't Catch It)".
Beau disque en effet.
Au Revoir.

July 13, 2009 at 3:09 PM  

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