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Tuesday, February 17, 2009

OU TROUVER L'OBAMA FRANCAIS?





par Mouss Benia


"Yes we can !" Pendant toute la campagne américaine, je me suis demandé comment traduire le mot d'ordre de Barack Obama. J'ai trouvé la réponse. Sur un maillot de l'Olympique de Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis), l'équipe des inénarrables frères Sandjak, on peut depuis quelques années lire en grosses lettres sur le torse des gamins : "Le foot, c'est bien, l'école c'est mieux.".

Bon, c'est vrai qu'on est encore bien loin du slogan de l'Oncle Sam, mais c'est toujours mieux que les vieilles mains en forme de badge des années 1980 qui ont tout juste permis de laisser entrer quelques têtes de colis piégé comme la mienne aux Fêtes de L'Huma, avant de nous laisser en plan avec la gueule de bois et le brouillard comme horizon. Au moins le message de Barack Obama rappelle une évidence : eh "ouais" mon pote, il faut essayer d'être président, et pour cela les bancs de l'école sont inévitables, c'est le tarif minimum. On ne devient pas maître du monde en apprenant à faire des passes en retrait ou en donnant des coups de tête dans un ballon.

Bien sûr, il est plus facile de mettre des coups de tête dans une boule de cuir Nike que de se cogner la tête contre le plafond de verre épais qui sépare la plèbe des hautes sphères feutrées. Reste à prévenir nos chères petites têtes crépues : décrocher des diplômes pour s'extraire de sa condition demande du temps et des tonnes d'aspirine. Sans compter que le terrain est loin d'être balisé, et la forteresse bien gardée.

Décidément les choses ont du mal à bouger. Seuls les faits divers réussissent à faire du bruit. Une odeur de naphtaline s'échappe de notre doux pays en proie à un mépris planifié par les élites envers ses enfants de HLM qui ressassent la même rengaine de victime depuis des décennies.

En France, on n'a toujours pas de pétrole et surtout pas plus d'idées, si ce n'est de nous laisser croire depuis 1998 que Zidane est une sorte d'Obama avec des crampons. Celui qui envahissait les espaces de pub pour vendre aux plus démunis le slogan d'Adidas "Nothing is impossible". Souvenez-vous de la France black-blanc-beur. A l'époque, on ne se posait pas de questions. On avait décroché le plus beau des trophées. On avait gagné tous ensemble. Mais gagné quoi, au juste ? Pas de la confiance en soi, en tout cas. En Amérique, ils appellent ça "le self-reliance". Il paraît que le concept vient de Ralph Waldo Emerson, un philosophe du XIXe siècle qui se baladait avec sa carriole à travers les grandes plaines.

C'est peut-être cette croyance en ses propres qualités qui a donné un homme comme Obama, capable de viser sans complexe la plus haute marche, juste à côté de la lune, quitte à basculer dans le vide angoissant, le vertige de la galaxie, l'absence de repère. Nous, avec notre Coupe du monde, on a juste eu droit aux couvertures de magazines sur la France qui gagne, avant que les perdants de cet Hexagone retrouvent leur place à la rubrique du chahut, comme une fatalité. Outre-Atlantique, le message est clair, la peur du Noir laisse place à la confiance. Chez nous, il est temps d'imposer ses valeurs et de redistribuer les prérogatives.

Retrouvez Mouss Benia sur son blog.

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